Ferme expérimentale, projet innovant pour l’autonomie alimentaire, la vie des régions et le bas carbone, le concept Écolience s’appuie depuis 2018 sur une idée simple et efficace : cultivées localement, des graines bio transformées sur site, offrant ainsi plus de 150 références sous une marque propre : « Sans Détour ».
Un concept hors du commun, avec pour socle une exploitation agricole
De la petite graine au produit fini, une définition simple, passionnante, mais complexe, car il faut maîtriser la chaîne de valeurs, pour des raisons économiques, de savoir-faire…en ramenant toute la valeur ajoutée sur le monde agricole. Et en tenant compte des évolutions de la société, où les notions de CO2, bas carbone et dérèglement climatique ne sont pas valorisées, voire cachées. C’est tout le sens du projet Écolience. Concrètement, on vient poser des ateliers au bout du champ : une ferme expérimentale de taille raisonnable, un projet alternatif qui entraîne dans son sillage des agriculteurs bio locaux, pour devenir un véritable enjeu territorial. « L’objectif n’est pas seulement de conserver de la valeur pour l’entreprise, mais aussi de faire travailler des agriculteurs locaux, passer des partenariats avec des coopératives bio locales pour compléter les approvisionnements, faire vivre l’ensemble du territoire, créer des emplois, avec une dimension écologique et bas carbone. »
Écolience répond aux problématiques de spécialisations agricoles qui amènent à des incohérences agronomiques : pollution, rotations intensives, parasitisme non maîtrisé… son modèle est inversé, et permet aux agriculteurs de pratiquer polyculture et élevage, avec des débouchés économiques. Cela suppose de changer de modèle industriel, d’avoir sous le même toit nombre d’ateliers artisanaux, qui s’articulent autour d’une chaîne de triage et de décorticage, colonne vertébrale de la structure qui va rendre consommables les graines issues du champ, débarrassées de toute impureté. Un travail énorme, mais qui évite de renvoyer de la marchandise à plusieurs centaines de km pour être triée et/ou décortiquées. Une logistique plus vertueuse, un outil stratégique qui permet d’alimenter les ateliers de transformation et de revendre des matières premières bio triées à des industriels souhaitant recentraliser leurs approvisionnements en France.
« Écolience emploie 5 personnes sur l’exploitation agricole, et une vingtaine sur les ateliers, qui ont été dimensionnés pour accueillir 70 salariés d’ici cinq ans. »
« On ne parle pas suffisamment de dérèglement climatique et de CO2 alors que ça devrait être notre principale préoccupation »
Des producteurs à proximité
Sur 1 400 tonnes de graines récoltées toutes espèces confondues en 2022, la distance moyenne pondérée de collecte était de 8 km autour de la ferme Écolience, ce qui est bien inférieur à la plupart des collecteurs agricoles. Un succès dû à la grande densité de producteurs bio régionaux (+ de 2 700) dans un rayon de 100 km, et aux 3 500 hectares de cultures bio sur les 3 villages « territoire bio engagé » proches. La capacité de production annuelle de graines bio en rythme de croisière sera dans cinq à six ans d’environ 10 000 tonnes.
12 ateliers de transformation, une logique d’économie circulaire en circuits hyper courts
L’huilerie alimente divers circuits de consommation : bouteilles pour le marché public, bidons pour la restauration collective, Bag In Box pour les EAP. Et début 2024 des IBC de 1 000 litres d’huile pour les industriels ! Le blé dur issu de l’exploitation est utilisé pour moudre les semoules et ensuite produire les pâtes sous la marque Sans Détour.
Pour les secondes transformations, les recettes utilisent un maximum d’ingrédients produits sur la ferme : biscuits aux noix et graines de courge, de pavot, de lin ou de cameline. Huiles de colza ou de tournesol pour les biscuits vegan. Pour la bière, l’orge de la ferme est transformée dans une malterie artisanale à 70 km, le houblon est produit à 15 km. L’outil Écolience permet aussi de fabriquer à la demande des produits de qualité en petites séries.
« C’est une logique de souveraineté alimentaire, notre outil serait capable de nourrir 1/4 du département de la Vienne, au vu de la consommation annuelle par habitant de farine, pâtes et huile. »
Écologie et biodiversité
« Nous intégrerons bientôt des légumes dans nos ateliers, issus de notre propre maraîchage, et de productions locales. Nous avons également intégré un élevage de chèvres Poitevines, dans une logique de préserver la biodiversité et amener une qualité laitière exceptionnelle pour un futur atelier fromage, ainsi que quelques vaches limousines pour équilibrer l’exploitation, maintenir une surface en herbes et apporter de l’engrais naturel, limitant la dépendance extérieure en fertilisants organiques. »
Ce cercle vertueux en bio a permis de passer à une émission de CO2, qui était de 420 tonnes en 2018 au moment de l’acquisition de la ferme, à une séquestration de 80 tonnes de carbone aujourd’hui !
Un assolement très diversifié, avec une vingtaine de cultures différentes, a permis de réduire de 40 % la consommation d’eau. Sa qualité est préservée par la non utilisation de pesticides et d’engrais chimiques, une irrigation limitée, et la biodiversité végétale et animale.
Indépendance énergétique et recyclage
Un objectif en partie atteint, avec déjà 250 KW de panneaux solaires et un bâtiment de stockage pour le fourrage en cours de construction qui permettra d’aller vers une autonomie encore plus forte. En termes de déchets, tout est valorisé : la poussière issue du tri est revendue pour être agglomérée dans des granulés de bois, devenant ainsi un co-produit. D’autres résidus de tri de céréales ou légumineuses, iront chez un producteur de porcs bio à proximité ainsi que les tourteaux issus de l’huilerie.
Une seule marque, 150 références, une commercialisation qui s’adapte
De qualité artisanale et bien positionnée en prix, la marque « Sans Détour » englobe l’ensemble des gammes. Dans un rayon de 40 km, les produits sont distribués indifféremment en commerces conventionnels, et en magasins bio au-delà de ce périmètre. Les chaînes de magasins sont approchées directement, l’entreprise fait aussi appel à des grossistes pour d’autres enseignes, les indépendants et les EAP.
« On s’adapte à l’organisation de chacun, en expliquant que nos produits sont issus d’un projet totalement novateur, avec une véritable histoire et des engagements forts. Nos références augmentent constamment : graine de courge grillée, chanvre toasté ou décortiqué, kacha arrivent sur le marché. »
2024, année de l’éclosion
« La production ayant démarré en janvier 2023, nous disposons d’assez de matière première pour augmenter les volumes. Le projet Écolience doit se faire connaître de tous. Lorsque nous faisons venir les décideurs sur le site et qu’ils découvrent la cohérence du concept, ils sont conquis ; la visite leur donne très envie de travailler avec nous pour soutenir ce projet Écolience, porteur de sens ».
2024 verra la mise en place d’une légumerie, d’une production d’œufs bio avec une casserie, le développement de l’activité biscuits, avec des brioches, des madeleines, des produits traiteur plus élaborés. Enfin, une étude récente démontre le réel intérêt pour le public à découvrir le site et le concept Écolience, afin de reconnecter les jeunes générations à l’aliment, en passant par le sol et l’agriculture. Un public large, qui va des touristes de passage aux familles, aux scolaires, aux professionnels et institutionnels.
« Ce principe de vivre une expérience unique sur notre site en toute transparence reste selon nous le meilleur vecteur de fidélisation à la marque et plus généralement à l’agriculture biologique. »
Une passion intacte pour l'agriculture et l'écologie,
un concept unique à découvrir
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