Philippe Bernard, directeur des achats et de l’offre du réseau Biocoop, livre à Bio Linéaires son regard sur le marché bio actuel, la stratégie déployée par Biocoop pour y répondre ainsi que son regard sur cette édition de Natexpo 2022.
Écouter l’interview de Philippe Bernard de Biocoop
Bio Linéaires : Bonjour, toujours en direct de Natexpo, j’ai le plaisir d’accueillir Philippe Bernard, directeur des achats et de l’offre de Biocoop, sur le stand de Bio Linéaires. Philippe Bernard, quel est votre ressenti sur la situation actuelle du marché de la bio et plus particulièrement sur le magasin bio ?
Philippe Bernard : Tout d’abord bonjour, il est incontestable que depuis un peu plus d’un an, le marché de la bio et les magasins bio traversent une période qui est difficile. En fait, on voit se télescoper plusieurs facteurs : à la fois un ralentissement de la demande en produits bio, une augmentation des produits bio disponibles sur le marché, un contexte inflationniste qui crée aussi des inquiétudes par rapport à l’ensemble des consommateurs, une multitude de labels divers et variés qui créent quand même une certaine confusion dans la lecture que les consommateurs et les citoyens peuvent se faire des modes d’agricultures et des modèles agroalimentaires.
« Dans ce contexte difficile, il faut qu’on reste fidèle à nos valeurs de base de ce qu’est l’agriculture biologique, il faut aussi expliquer la valeur des produits »
En tout cas nous, chez Biocoop, on reste convaincu qu’une bonne explication, une bonne pédagogie autour de ce que c’est l’agriculture biologique, les valeurs de l’agriculture biologique, permettra à l’agriculture biologique de rebondir.
Dans ce contexte difficile, il faut qu’on reste fidèle à nos valeurs – à nos valeurs de base de ce qu’est l’agriculture biologique – on promeut un modèle différent au niveau agricole et au niveau agroalimentaire et puis il faut aussi expliquer la valeur des produits, on parlait à l’instant de sujets autour de l’inflation, mais il faut aussi qu’on arrive à expliquer aux consommateurs – et c’est ce qu’on s’attache à faire au niveau de Biocoop – on peut aussi trouver des produits à des prix qui soient équitables pour tout le monde, pour le consommateur mais également pour le producteur et en passant par l’ensemble des maillons de la filière. Et on s’aperçoit quand même, quand ce travail est bien fait, il y a quand même une forme de résilience des magasins bio, des magasins Biocoop, et c’est ce travail là qu’on va continuer à poursuivre… un travail initié il y a plus de 35 ans !
« Biocoop résiste mieux à ce phénomène d’inflation parce qu’on est très franco-français dans nos approvisionnements et nous allons poursuivre dans cette voie«
BL : Dans ce contexte effectivement est-ce que vous pourriez peut-être un peu plus être précis sur des projets très pratiques que vous allez mettre en place pour un petit peu endiguer cette «décroissance» ?
P. B. : On est, Biocoop, engagé depuis plusieurs années sur des démarches fondamentales, on a donc les produits à la marque de Biocoop qui aujourd’hui concentrent l’ensemble des valeurs de l’enseigne notamment celle de la relocalisation de nos filières. La moutarde à la marque de Biocoop est une moutarde qui est fabriquée à base de graines de moutarde produites en France et on parle beaucoup de résilience, on parle beaucoup de souveraineté alimentaire et bien le travail que nous avons fait et que nous faisons avec nos partenaires agricoles fait que, aujourd’hui, la bio subit moins d’inflation par rapport au circuit conventionnel et Biocoop résiste aussi mieux à ce phénomène d’inflation parce qu’on est aussi très franco-français dans nos approvisionnements et nous allons poursuivre dans cette voie. C’est un des exemples des mesures que nous prenons au-delà du fait d’avoir aussi des prix les plus raisonnables possible sur les produits du quotidien.
BL : Un dernier mot, que pensez-vous de cette édition 2022 de Natexpo ?
P. B. : Je suis arrivé ce lundi matin, on sent qu’il y a de l’animation, il y a effectivement beaucoup d’échanges, beaucoup de questionnements sur le contexte actuel de la bio mais je ressens quand même qu’il y a, au final, un esprit positif. La bio a déjà vécu des périodes un peu compliqué et la bio sortira grandie de cette épreuve !
Propos recueillis par Antoine Lemaire