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La conservation en cosmétique bio : pourquoi et comment ? (suite)

 

La version allemande du 16 novembre 2010 est par contre plus explicite : « La conservation peut être obtenue par des procédés tels que le séchage, la congélation, le stockage sous gaz inertes 6 ou par une pasteurisation à moins de 80°C . Les conservateurs conformes à la liste du chapitre 6.8 peuvent être employés si nécessaire ».
Ce chapitre 6.8. liste en fait une cinquantaine de substances d’origine non-agricole qui peuvent être globalement utilisés comme auxiliaires de fabrications ou additifs dans les cosmétiques, à différents usages, allant de l’allantoïne à certaines huiles estérifiées, en passant par les vitamines ou l’acide lactique. Pour ce qui concerne la conservation, on y retrouve seulement 3 substances qui font partie de la liste officielle des conservateurs autorisés en cosmétique : alcool benzylique, acide benzoïque et ses sels, acide sorbique et ses sels.

Soil Association

À l’instar de Demeter, rares sont les produits présents sur le marché français arborant le logo de cette certification britannique. Dans son cahier des charges, cette association évite le mot « conservateurs » préférant parler d’« agents antimicrobiens ».
Sont autorisés par principe les composés suivants :
alcool benzylique, les acides benzoïque et sorbique et leurs sels, l’acide déhydroacétique et son sel de sodium, ainsi que « les matières premières et extraits agricoles qui peuvent être modifiés par procédé physique ou chimique simple qui ne change pas les ingrédients actifs ». De plus, sur autorisation spécifique et après avoir démontré pourquoi aucune des substances susmentionnées ne peut être utilisée, sont également possibles : phénoxyéthanol, lactopéroxydase, alcool phényléthylique et « tout autre agent antimicrobien conforme aux critères définis au § 50.5.8 »8.
À quelques classiques des autres référentiels bio s’ajoutent donc d’autres substances qui ne sont officiellement pas classées par le texte européen comme conservateur, sauf le phénoxyéthanol bien sûr 9.

 

Des conservateurs « nature-identiques » ?

Ainsi qu’on vient de le voir, l’ensemble des différents référentiels reste plus ou moins autour du même groupe de conservateurs, à savoir l’alcool benzylique et une série d’acides organiques : benzoïque, déhydroacétique, formique, propionique, salicylique, sorbique. Leur essence « nature-identique » est mise en avant, ce qui est effectivement le cas. L’acide formique et son sel de sodium sont produits par certains insectes comme substance de défense, mais il est aussi présent dans l’ortie et les épines de sapin. L’acide benzoïque, ses sels et son éthylester sont présents dans la résine végétale de benjoin et le dytique, un insecte aquatique, l’utilise aussi comme défense. L’alcool benzylique existe naturellement dans de nombreuses huiles essentielles, entre autres celle de jasmin. L’acide déhydroacétique a été identifié dans les fleurs de solandra, l’acide propionique est un produit de la fermentation du sucre et l’acide salicylique se trouve à l’état naturel dans la reine-des-prés, la camomille sauvage, le séné et bien sûr le saule qui lui a donné son nom. Et l’acide sorbique est caractéristique entre autres du sorbier dont il tire aussi son nom.
Mais pour être complet, il faut aussi rappeler que les parabens sont présents dans de nombreuses plantes (orge, mûre, fraise, cassis, vanille, carotte, oignon…), aliments (jus de raisin, vinaigre de vin, certains fromages) et produits de la ruche (propolis, gelée royale), étant également synthétisés par le dytique déjà évoqué.
Quant au phénoxyéthanol également frappé du sceau de l’infamie, il se retrouve dans des algues (ulva rigida), les fleurs de lotus, la reine-des-prés, les narcisses, le thé vert, la chicorée…

 

Les alternatives

Certains spécialistes font cependant remarquer que ces acides organiques sont, malgré leur innocuité globale, susceptibles de provoquer des irritations, sans parler du fait qu’ils sont surtout efficaces dans des formules au pH acide (inférieur à 5,5).
Quant à l’alcool benzylique, il fait partie comme on le sait des 26 substances allergènes à déclaration obligatoire, quand un ingrédient utilisé le contient naturellement.

Quelque part, il ne faut pas s’en étonner, car comme dit dans le premier article de cette série, un conservateur qui serait totalement inoffensif serait également probablement inefficace : il faut bien qu’il agisse sur le métabolisme des germes. Certains fournisseurs proposent de plus en plus d’autres acides organiques, comme les acides anisique et lévulinique et leurs sels, de l’alcool phényléthylique (déjà employé par la Soil Association) d’origine naturelle, ou bien des tensio-actifs naturels doux à l’effet anti-microbien comme le caprate ou le caprylate de glycérol, ou encore le sodium lauroyl lactylate. La « chimie verte » a donc encore des solutions à proposer. Quelque part on s’oriente donc vers une solution « 100 % sans conservateurs ». Mais hormis l’UHT évoqué dans le dernier numéro, il faut s’entendre sur ce terme. Bien des ingrédients ont une activité anti-microbienne sans être officiellement classés comme conservateurs : alcool, huiles essentielles, enzymes, parfums ou encore lipoaminoacides qui sont des tensioactifs et à ce titre ont des effets antimicrobiens. Mais les doses auxquelles ces substances doivent être employées ne sont pas toujours sans effet sur un éventuel risque allergique ou irritant, sans parler de leur impact sur le parfum ou la texture des formules.

Il y a aussi la solution du flacon airless qui évite une contamination du produit après son conditionnement. Mais cela sous-entend des ingrédients de départ microbiologiquement propres et des conditions de fabrication des plus stériles, pour des cosmétiques « zéro germe » dès l’origine, que tous les fabricants ne maîtrisent pas.
Ces flacons ne conviendront cependant pas à toutes les textures (ex. crèmes très épaisses). Enfin, citons aussi ce fabricant qui a breveté une technique gélifiant l’eau, la rendant ainsi indisponible pour les bactéries, alors qu’elles en ont besoin pour vivre. Mais là aussi, cette technique ne se prête pas forcément à l’intégralité des formules et textures.

Pour terminer, insistons sur le fait qu’il ne faut pas diaboliser à outrance tous les conservateurs. Car cela laisse aussi la porte à des allégations, en particulier de la cosmétique conventionnelle, qui rassurera par un attractif slogan « sans conservateurs », alors que leurs formules contiennent d’autres substances qui mériteraient bien qu’on s’y intéresse de près !

7) Dans le cas d’une pasteurisation, les températures habituellement employées se situent entre 65 et 90°C environ. Au-delà, on entre dans le domaine de l’UHT alias Upérisation à Haute Température.
8) Ce paragraphe listant les procédés autorisés après extraction du produit : filtration, concentration par évaporation, vide ou atomisation, rinçage à l’azote, précipitation….
9) Source : « Organic standards, health and beauty products », Version 16.5, août 2012.

 

 

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