Bernard Ollié (agence Good) décrypte pour Bio Linéaires les marchés de la Bio et des produits écologiques en GMS, Hard Discount et réseau spécialisé, grâce à la synchronisation des panels Circana et BioAnalytics.
écrit par Bernard Ollié – GOOD
En bref
- Les tendances sont différentes en ce début 2024 selon les circuits de distribution de la Bio : GMS, Hard Discount HD et réseau spécialisé Bio.
- En GMS, la tendance est à la baisse par effet de boucle récessive : démarrée au S2 2022, la boucle n’a pas encore trouvé son plancher.
- Le HD bénéficie de transferts opportunistes de consommateurs sur des familles à forte sensibilité au prix comme l’alimentation infantile.
- Le réseau Bio a atteint une ligne de flottaison depuis octobre 2023.
Lire le graphique,
Baromètre des ventes Écolo + Bio
À noter, les chiffres de ventes analysés sont ceux des produits sans code-barres ou sans EAN dont les Fruits et Légumes sans EAN ; le service arrière (rayon traditionnel, boucherie, charcuterie…) ; le vrac sec et liquide ; les produits LS à poids variables – le tout représente aux alentours de 40 % des ventes en magasins Bio.
- En vert foncé l’évolution longue sur 12 mois glissants à janvier 2024.
- En vert clair, l’évolution au mois de janvier 2024.
Au premier coup d’œil, on voit que la GMS avec un CA de 6 982M€ (75 % des 3 circuits cumulés : GMS, hard discount, réseau bio) est en décrochage net sur la durée (vert foncé).
Les chiffres à court terme (vert clair) ne changent pas la donne.
Une exception à noter : l’Hygiène est en hausse. Mais il s’agit d’une erreur d’optique, c’est une question de nomenclature, de rangement. Le papier sous label écologique (maison, personne) est rangé en Hygiène, il y représente plus de 75 % et a subi une des plus fortes inflations tous produits depuis deux ans > 50 %.
Le Hard Discount à 524M€ est stable au global.
Sa lecture à court terme est sujette à caution tant elle dépend des arrivages, de l’assortiment, de déstockages ponctuels, de promotions.
À long terme, on peut y noter des indications de transferts de la GMS sur certaines familles comme l’alimentation infantile qui y est en hausse de +68,8 % en CAM janvier 2024.
Le réseau Bio à 2 242M€ (toujours sans EAN) est positif à court terme et sur un an mobile.
Exception, l’Hygiène-Soin est au sens strict de sa définition au même niveau que son homologue en GMS (à -7 %) qui lui est masqué par l’inflation en papier, voir l’explication plus haut.
Le papier est en effet une petite catégorie en réseau Bio (moins de 1 % du CA total) alors que c’est au contraire une catégorie majeure en GMS (Écolo + Bio) à 13 % du CA au même niveau que le frais ou l’épicerie sucrée ou salée.
La GMS Bio dans l’œil du cyclone
- En GMS, à la différence du réseau Bio, le choix d’achat de la Bio pour un consommateur se fait contre une concurrence maximale – celle de l’offre conventionnelle – qui la challenge en prix, en offre, en qualité et en choix.
- Le décrochage est sensible sur la durée –1,2 % au total du Écolo + Bio en GMS pour une inflation à +8 % en 2023. La demande plonge et nettement sur certaines filières comme la viande porcine ou la charcuterie à –18,5 % ou les fromages à –11 % en CAM janvier 2024.
- Une double pression à la baisse s’exerce : la réduction des linéaires et des assortiments par les distributeurs et la réduction de l’assortiment Bio par les marques généralistes.
- À court terme, l’assortiment réduit cumulé aux hausses post-Egalim réduit encore la demande qui est concurrencée sur certaines familles par le Hard Discount (par exemple, +84 % sur le papier maison en CAM janvier 2024) et par un retour au réseau Bio pour des consommateurs en recherche de choix.
- Une boucle récessive dont le plancher n’est pas encore atteint.
Le réseau Bio entre deux eaux
Le réseau Bio s’est trouvé une ligne de flottaison autour de laquelle il fluctue.
Son atterrissage global en CAM janvier 2024 est à +0,5 % (hors produits sans code barre) et il varie autour sur le mois de janvier 2024.
Les points chauds,
- Une inflation encore élevée en alimentaire (avec EAN) au même niveau, en pourcentage, que l’inflation alimentaire bio en GMS.
- Un non-alimentaire, surtout en Hygiène Beauté, en pleine crise existentielle. Cette offre est en effet concurrencée par la proposition bio de la GMS – elle-même piratée par l’offre simili-bio (mais non bio) issue des majors majors conventionnels du secteur.
- Un parc de magasins qui s’est réduit de 268 magasins en 2023.
- Une réaction pragmatique qui occasionne un arbitrage économique en temps de crise.
- Une perte du conseil en magasins qui est un service unique et vital pour ce circuit.
- Un manque de vision sur son rôle exact – celui d’une consommation de progrès – qui lui imposerait une réaction collective, de groupe et homogène.
En positif,
- Une inflation générale – inclus les produits sans EAN – à environ +5 % en 2023 qui est modérée par rapport à la GMS grâce à des F&L de plus en plus compétitifs à produire vis-à-vis de leurs homologues conventionnels.
- Une origine France majoritaire (plus de 80 %) en frais.
- La gestion gouvernementale de la crise agricole qui va permettre un usage flou des phytosanitaires et devrait inciter les consommateurs à choisir des valeurs sûres comme AB.
- Un parc de magasins à peu près stabilisé autour de magasins plus performants.
- Des assortiments encore incomplets ou peu optimisés, cf. Skyr et hyper-protéiné.
- Des adeptes ultra fidèles du réseau Bio.
- La vague générationnelle de seniors qui arrive sous 10 ans en France et qui devrait être en phase avec une consommation de progrès.
Sources : Circana good BioAnalytics Bio Linéaires Kantar Xerfi Insee 2024.