Rechercher
Fermer ce champ de recherche.
Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Le point sur l’étiquetage environnemental des aliments

La proposition de l’ADEME d’un étiquetage environnemental des aliments, à la fin de l’année dernière, avait provoqué une levée de boucliers de la part des organisations bio. En effet, elle conduisait systématiquement à donner une meilleure note aux produits conventionnels qu’aux bio. Principalement pour deux raisons : d’une part la méthodologie des ACV (Analyses de cycle de vie) sur laquelle se basait l’ADEME, a été conçue pour des produits industriels et non pour des produits agricoles : d’autre part, la note environnementale y est donnée par kg de produit (ou litre), ce qui favorise systématiquement les modes de production intensifs.

Pour sortir de l’impasse, l’ADEME a demandé aux organisations qui le souhaitent de faire des propositions pour améliorer le mode de calcul de l’impact environnemental des aliments, ces propositions devant être déposées avant fin juin, ce qui était un délai extrêmement court. Vingt organisation, dont l’ITAB, ont déposé un projet. Nous ne connaissons pas les autres, mais celui de l’ITAB, qui s’appelle Planet Score, est très cohérent. Partant du constat que les ACV prennent très peu, voire pas du tout, en compte certains critères essentiels, comme l’impact des pesticides, la biodiversité et le bilan carbone, Planet Score propose un étiquetage combinant une note globale, dite agrégée, et trois critères complémentaires : pesticides, biodiversité et impact sur le climat, avec en plus une estimation de l’effet sur le bien être animal.

À lire aussi -> [Exclu BL] ACV, Agribalyse, Ecoscore : un défi pour la bio !

A partir de juillet, les 20 propositions vont être examinées par le Conseil Scientifique de l’expérimentation, qui va également tester les réactions des consommateurs à différents formats d’affichage. Les conclusions du Conseil Scientifique et de l’ADEME seront soumises aux pouvoirs publics, qui devront faire des choix en fin d’année. Les arbitrages faits par le législateur seront difficiles, car aucune solution scientifique ne permet de trancher sur les modalités précises de calcul aujourd’hui. Le projet de loi climat, en cours de discussion au Parlement, prévoit quant à lui pour l’instant de rendre l’étiquetage obligatoire. Le fait que la proposition de l’ITAB et de ses partenaires (Sayari et Very Good Future) soit rigoureuse dans son approche n’empêche pas qu’elle sera forcément très contestée par le milieu conventionnel, et nul ne peut préjuger de la décision finale. Les lobbies veillent au grain et les arbitrages qui seront rendus cet automne concernant les modalités précises de calcul des scores sont déjà annoncés comme « politiques » (note publique de l’Ademe de mars 2020, et mention qui a été redite par le président du CS de l’expérimentation lors de réunion du Comité des Partenaires).

Pour compliquer encore les choses, l’Union Européenne travaille, de son côté, à son propre affichage environnemental, le PEF (Product Environnemental Footprint) qui devrait reposer essentiellement sur les ACV et rester facultatif.

Un premier communiqué de presse et une vidéo pour faire le point doivent être publiés le 5 juillet, et un autre communiqué de presse en septembre-octobre, la décision finale devant être prise avant la fin de l’année. D’ici là, Il faut s’attendre à de belles empoignades entre les auteurs des différents projets. Il faut donc rester mobilisés pour ne pas arriver à un compromis très favorable à l’agro-industrie et aux produits conventionnels.

Claude Aubert

La référence pour les professionnels de la distribution bio spécialisée et alternative

Cookie policy
We use our own and third party cookies to allow us to understand how the site is used and to support our marketing campaigns.