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« Le réseau bio est né d’une position militante », Bernard Ollié (Good.)

Selon Bernard Ollié, ” il est critique que le réseau bio joue son rôle de progrès sociétal ” Photo CB

Bernard Ollié, président-fondateur de l’agence Good., et collaborateur expert de Bio Linéaires, a présenté lors des Bio n’days 2023 (le 6 juin à Valence), les chiffres du marché Bio en réseau spécialisé. Pour Bio Linéaires, il décrypte les raisons de la crise du Bio et dresse plusieurs pistes de développement.

 

Bio Linéaires : Votre intervention à Bio n’Days montre un réseau bio en difficulté sur le court terme. Qu’en est-il vraiment ?

Bernard Ollié : C’est vrai, à court terme le réseau Bio est en baisse de – 8,6 % (2022 vs 2021). C’est le recul le plus marqué de tous les circuits de distribution des produits bio. Cette baisse du réseau Bio fait suite à une période unique, le Covid, qui a masqué un temps les fragilités structurelles du réseau. Le réseau Bio à fin 2022 revient à son niveau de 2019 mais ses familles sont sous pression, en particulier le non alimentaire et l’enfant dont les ventes reculent de près de 40 % par rapport à 2019.

 

BL : Selon vous, quelles sont les causes de cette crise dans le réseau bio ?

B. O. : Pour moi, je repère cinq causes.

L’inflation mais qui reste contrôlée vs GMS, on parle de 5 à 8 % quand la GMS est au double. Ces prix relativement favorables ont d’ailleurs aidé les fruits et légumes qui sont à + 20 % vs 2019.

Un arbitrage en faveur de circuits moins chers à offre bio perçue identique comme les discounters qui sont en croissance sur le bio ou d’achats directs à la ferme par exemple qui sont eux aussi en hausse…

Une concurrence déloyale de faux labels comme la HVE qui peuvent représenter, faussement donc, pour les consommateurs un équivalent bio pour un prix plus bas.

Un manque d’innovation pour un circuit de distribution dont la vocation est de représenter un lieu de consommation de progrès.

Une contre performance au point de vente révélée avec la crise. Les magasins fragiles ont été les premiers à souffrir.

« Il faut se concentrer pour améliorer la performance des produits. C’est ce qui a fait au départ le succès de la bio et du réseau bio » Bernard Ollié

BL : Voyez-vous des solutions ?

B. O. : Impossible de prévoir l’évolution d’une situation géopolitique qui a des répercussions concrètes sur les prix des denrées et des matières premières. Mais des pistes à la mesure du réseau se dégagent et j’en ai mis deux en évidence.

En premier, la défense de la bio contre les labels parasites dits de greenwashing. Il faut les dénoncer, devant la justice – ce qui se fait pour la HVE – et  rendre publiques ces piratages devant les consommateurs. Cette mise au point replacera le bio là où le consommateur l’attend – dans une forme de modèle. Rappelons-nous, le rôle du réseau bio est né d’une position militante. 

Ensuite, en second point, il est critique que le réseau bio joue son rôle de progrès sociétal. Il faut se concentrer – non pas sur les externalités comme les économies de ressources et la moindre pollution qui seront de toute façon des contraintes futures atteignables par tous – mais bien sur la performance des produits obtenue par la science ou la connaissance de la nature : le goût, le soin de la peau, le nettoyage, l’équilibre alimentaire, les allergies, etc. C’est bien cette expertise unique qui a fait le succès de la bio et du réseau Bio.

 

BL : Et le prix ?

B. O. : Il doit être réaliste mais sa vraie mesure en fin de compte c’est la valeur que le consommateur accorde au produit et cette valeur est la résultante du caractère unique du produit et de sa capacité à répondre à la demande, sa pertinence.

Propos recueillis par Antoine Lemaire

La référence pour les professionnels de la distribution bio spécialisée et alternative

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