Lors de Bio N’days, mardi 6 juin à Valence (26), Emily Mayer, directrice des études à Circana est intervenue sur le marché bio en grandes surfaces (GMS). Bio Linéaires fait le point.
Bio Linéaires : Comment se porte le marché bio en GMS à fin avril ?
Emily Mayer : Les difficultés du label, qu’on avait déjà observées en 2022, se poursuivent malheureusement sur les quatre premiers mois de l’année. Les volumes baissent d’un peu plus de 13 % sur le label bio, soit trois fois plus que le rythme total du marché. On est donc sur un label qui continue à perdre du poids dans les ventes en GSA.
BL : Malgré ce constat voyez-vous quelques signes positifs ?
E. M. : On voit effectivement des signaux positifs. Il y a des familles de produits, où le bio est en croissance et se portent mieux que le conventionnel. C’est le cas de l’hygiène/beauté par exemple où le label s’en sort plutôt bien. On constate aussi que les marques dites spécialistes, les marques historiques, arrivent à gagner des parts de marché. Autre signal très positif à mon sens, c’est que malgré la forte rationalisation de l’offre bio, qui était certainement nécessaire, on observe depuis quelques périodes, que les références restantes voient leur demande repartir dans le vert.
Bio en GMS « Les marques dites spécialistes, les marques historiques, arrivent à gagner des parts de marché » Emily Mayer
BL : Quelles sont, selon vous, les pistes pour que le bio retrouve de la croissance ?
E. M. : Je pense que la meilleure façon de remettre le bio dans les rails de la stabilité puis de la croissance, c’est de travailler sur les freins à l’achat. En effet, quand on demande aux Français de nous dire pourquoi ils ne consomment pas davantage de produits bio, ils évoquent le frein majeur qui est le prix, le fait que leurs habitudes d’achat sont difficiles à « casser » en raison d’une certaine routine mais aussi le manque de plaisir.
Il est important de travailler à la fois sur la pédagogie afin de casser les automatismes d’achat des consommateurs pour les orienter vers le label bio et communiquer davantage sur les plaisirs gustatifs pour qu’à la fin ils acceptent de payer un peu plus cher.
Le point-clé pour moi c’est donc la pédagogie que peuvent faire les marques, les magasins et bien entendu dans l’éducation des plus jeunes enfants.
Propos recueillis par Antoine Lemaire