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Les anti-moustiques pour le corps

Ils s’appliquent sur la peau, sont souvent formulés – quand il s’agit de produits d’origine naturelle – à partir d’huiles et d’extraits végétaux et d’huiles essentielles, sont testés sous contrôle dermatologique et servent à repousser les moustiques : ce sont les anti-moustiques pour le corps et le visage. Mais ce ne sont pas des produits cosmétiques pour autant. Les choisir nécessite néanmoins une approche qui n’est pas sans rappeler celle qui prévaut en matière de cosmétique bio.

Des biocides répulsifs, pas des cosmétiques

Une nouvelle fois, il est nécessaire de garder en mémoire la définition d’un produit cosmétique : « Un produit cosmétique est une substance ou un mélange destiné à être mis en contact avec les diverses parties superficielles du corps humain (épiderme, systèmes pileux et capillaire, ongles, lèvres et organes génitaux externes) ou avec les dents et les muqueuses buccales, en vue, exclusivement ou principalement, de les nettoyer, de les parfumer, d’en modifier l’aspect, de les protéger, de les maintenir en bon état ou de corriger les odeurs corporelles » (Règlement cosmétique européen et Code de la santé publique français). Comme on le voit, un produit destiné à être mis en contact avec le corps dans le but de repousser les moustiques (ou d’apaiser la peau en cas de piqûres, sujet non abordé ici) ne peut aucunement entrer dans cette définition.

Les anti-moustiques entrent en fait dans la catégorie des biocides, que l’on divise en deux familles. La première est celle des produits destinés à les tuer, qui sont donc des insecticides. Mais ceux-ci ne sont pas destinés à être pulvérisés ou appliqués sur la peau.

La seconde famille est celle des répulsifs, produits dont le but est, comme leur nom l’indique, d’éloigner les insectes (moustiques en l’occurrence), et qui peuvent entrer en contact avec la peau. Cette mise en contact peut être directe, par application d’une lotion ou crème ou par diffusion avec un spray, ou indirecte, avec un produit que l’on pulvérise sur les vêtements.

Bien que le mot « biocide » sous-entend que normalement le produit concerné est létal (c’est-à-dire que dans le cas présent il tue les insectes), les répulsifs font bien partie de cette catégorie : « Les produits biocides sont des produits chimiques ou des articles traités avec ces produits, destinés à lutter contre des organismes nuisibles à l’homme et ses activités. Ils contiennent ou génèrent une ou plusieurs substances actives responsable(s) de leur action. Les produits répulsifs de moustiques dont les bracelets anti-moustiques sont des produits biocides et doivent à ce titre respecter les exigences de la règlementation applicable à ces produits » (www.economie.gouv.fr/dgccrf/produits- anti-moustiques).

Une réglementation très stricte

« Afin de garantir un niveau élevé de protection de la santé de l’homme, des animaux et de l’environnement ainsi que l’efficacité des produits répulsifs mis sur le marché européen, le règlement [européen] n°528/2012 prévoit que pour pouvoir être commercialisés et utilisés, les produits biocides doivent être autorisés. Ils doivent donc remplir deux conditions cumulatives :

  • contenir des substances actives approuvées pour l’usage revendiqué. Une évaluation est réalisée au niveau européen pour apprécier les risques pour l’homme, les animaux et l’environnement mais également pour examiner son action contre le ou les organismes nuisibles. À la suite de cette évaluation, la substance est approuvée ou non ;
  • ne pas présenter de risques pour la santé humaine, animale ou pour l’environnement et être efficace. Une évaluation est réalisée au niveau national pour estimer les risques que le produit peut présenter en termes de santé

humaine, animale et pour l’environnement mais également pour examiner son efficacité. À la suite de cette évaluation, le produit est autorisé ou non. Les produits biocides qui bénéficient d’une autorisation sont considérés comme sûrs et efficaces »

Le problème est qu’à ce jour toutes les substances actives comme biocides n’ont

pas encore été évaluées officiellement, en particulier la plupart des substances actives présentes dans les produits anti-moustiques. Pour pouvoir être commercialisé et utilisé en tant que tel, un produit anti-moustiques doit donc contenir obligatoirement des substances actives qui sont listées sur le site internet de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA).

4 actifs autorisés comme répulsifs seulement

Et en fait, seules 4 substances chimiques de synthèse sont listées comme autorisées par l’ECHA. Ce sont, dans l’ordre décroissant généralement constaté de leur efficacité à dosage égal (sachant qu’aucun répulsif n’est cace à 100 %) : DEET 2,3 (N1,N-diéthyl-m-toluamide), KBR3023 4 (Carboxylate de Sec- butyl 2-(2-hydroxyéthyl) pipéridine-1 / Icaridine), PMDRBO4 (mélange de cis- et trans-p-menthane-3,8 diol) ou 2-Hydroxy- α,α,4-trimethylcyclohexanemethanol), IR3535 (N-acétyl-N-butyl- β-alaninate d’éthyle).

Si le DEET – mis au point par l’armée américaine pour protéger les soldats dans les zones tropicales – est sans doute la substance la plus cace contre les moustiques (entre autres), il présente aussi un risque de toxicité avérée pour le système nerveux des mammifères, à dose élevée bien sûr, ce qui amène certains chercheurs à déconseiller son emploi chez les femmes enceintes et les enfants. Le KBR3023 ou icaridine/picaridine est un produit dérivé de la pipéridine, substance que l’on trouve par exemple dans le poivre noir. Il est considéré comme peu toxique s’il est inhalé, mais peu provoquer des irritations cutanées chez les personnes sensibles. L’IR335 est un composé synthétisé à partir d’acides aminés (alanine et β-alanine). On ne lui connaît pas de toxicité et il est bien toléré sur la peau. Quant au PMDRBO4, il s’agit de la molécule analogue au principe actif contenu dans l’extrait de l’huile essentielle d’eucalyptus citronné, qui présente de bonnes caractéristiques d’efficacité et de sécurité.

Les huiles essentielles

L’ECHA n’autorise une allégation de répulsif anti-moustiques que pour quelques huiles essentielles (ou leurs extraits), leur efficacité ayant été officiellement confirmée. Ce sont les actifs suivants : huile essentielle (HE) de menthe, HE de lavande, citronellal, extrait de margousier, géraniol, Lavandin oil (extrait de Lavandula hybri-da), Citriodiol   et extrait de Chrysanthenum cinerariaefolium. Le Citriodiol®, à l’odeur proche de celle du menthol, est le nom commercial déposé pour la molécule pure extraite de l’huile essentielle des feuilles d’eucalyptus citronné (Corymbia citriodora).

Par contre, ne peuvent normalement pas revendiquer une activité anti-moustiques les produits qui n’utilisent aucune des substances mentionnées à l’instant mais uniquement un ou plusieurs des composants suivants : HE de citronnelle, linalol, HE de l’arbre à thé australien (tea tree), HE de neem, HE de géranium, HE d’Eucalyptus citronné, HE de Lemongrass, HE d’Ylang-ylang, HE de menthe poivrée. « Un bracelet imprégné d’huile essentielle de citronnelle, par exemple, ne devrait pas revendiquer une activité anti-moustique puisque cette substance n’est pas inscrite sur le site de l’ECHA »

Des informations précises pour le consommateur

« La règlementation biocide prévoit des mentions d’étiquetage pour les produits biocides, notamment :

  • l’identité de toute substance active biocide contenue dans le produit et sa concentration en unités métriques ;
  • les instructions d’emploi ;
  • le numéro ou la désignation du lot de la préparation et de la date de péremption dans des conditions normales de conservation ;
  • le délai nécessaire pour l’apparition de l’effet biocide et sa durée d’action.

Les mentions telles que « produit biocide à faible risque », « non toxique », « ne nuit pas à la santé », « naturel », « respectueux de l’environnement », « respectueux des animaux » ou toute autre indication similaire sont interdites sur l’étiquette et dans les publicités pour les produits anti-moustiques.

Les produits biocides sont également soumis aux dispositions de la règlementation relative aux substances et mélanges dangereux. Tout produit biocide, dont les bracelets anti-moustiques, doit donc être classé, étiqueté et emballé conformément à ce règlement. Un produit anti-moustiques pourra donc présenter des mentions d’avertissement, de danger et des pictogrammes suivant sa composition »

Faire (faire) le bon choix

Lors du choix de référencement d’un produit, il est par conséquent impératif de prêter une attention tout particulière aux mentions d’avertissement, de danger ou aux pictogrammes éventuellement présents (par exemple concernant les femmes enceintes ou les enfants) ainsi qu’à la nature des substances actives mentionnées sur l’étiquette. En circuit bio, on évitera bien sûr les produits à base de DEET, et on privilégiera le Citriodiol®, le seul dérivé d’un composé naturel actif pouvant être utilisé comme répulsif à insectes aux États-Unis et en Europe. Ce Citriodiol ne présente pas de danger particulier et les Centers for Disease Control and Prevention (CDC, principale agence gouvernementale américaine en matière de protection de la santé publique et de sécurité publique) l’ont reconnu comme étant le seul dérivé de substance naturelle per- mettant de repousser les moustiques porteurs du dangereux virus du Nil occidental.

Il faut également savoir que l’efficacité et la durée d’action des répulsifs anti-moustiques varient grandement selon la concentration en actifs des produits. Il faut donc privilégier, idéalement, les marques qui ont fait des tests d’efficacité. Enfin, sachant qu’une grande partie des piqûres de moustiques se fait à travers des vêtements, on n’oubliera pas de conseiller également l’emploi de sprays anti-moustiques pour textiles, là aussi en retenant ceux basés sur des substances naturelles reconnues, comme le Citriodiol®, le géra-niol, etc.

Les dangers liés aux piqûres de moustiques sont de mieux en mieux connus (l’insecte étant le vecteur potentiel de maladies comme le chikungunya, la fièvre jaune, la borelliose, la maladie de Lyme…), en particulier ceux liés au moustique tigre, présent dans un nombre croissant de régions françaises (sans parler des pays tropicaux). Comme de plus ces répulsifs présentent égale- ment une activité contre d’autres insectes et nuisibles (comme les tiques), il est essentiel de bien informer ses clients pendant la saison à risque, pour qu’ils puissent se protéger de façon ciblée et en toute sécurité.

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