Situation inédite pour le marché bio : pour la première fois, on rapporte des chiffres en baisse. Que ce soit en grande distribution ou en magasin spécialisé, l’année 2021 aurait donc fini dans le négatif pour la consommation bio, et ceci pour quasiment toutes les catégories de produits.
Du coup, les mauvaises nouvelles s’enchaînent : baisse du panier, de la fréquentation, baisse des prix à la clé – on parle aussi de grandes quantités d’invendus et de surproduction voire de déclassement de productions bio pour les vendre en conventionnel.
Dans cette avalanche de chiffres négatifs, il faut dans un premier temps prendre le bon repère. Évidemment, cela ne peut pas être l’année 2020, exceptionnelle à tous les égards. Il faut se baser sur 2019, l’année « étalon avant-crise ». Et déjà nous constatons que nous sommes plus dans une normalisation de la croissance, que dans une situation de recul.
La consommation au temps de la Covid Avant de sombrer dans la panique en vue d’une baisse momentanée, n’oublions pas de tirer les enseignements de la hausse spectaculaire que le bio a vécu en 2020. Non pas par nostalgie, mais parce qu’elle peut fournir des pistes d’action. Pourquoi, d’un coup, des croissances de 20 % ou plus pour le bio en plein Covid ? Il y a quelques explications simples : les rayons vidés (pâtes, riz et même … papier hygiénique) poussaient certains consommateurs dans les magasins bio. En magasin bio, les files d’attente étaient aussi moins longues … et dans une crise sanitaire, on se ruait sur des produits « sains » (surconsommation de fruits frais pendant le premier confinement). Mais ça n’explique pas tout. La hausse du bio en 2020 correspondait à une réelle réorientation des dépenses dans deux domaines : restauration hors domicile et vacances. Nous ne pouvons plus aller au restaurant ? Alors nous consacrons notre budget resto à une alimentation de qualité, qui procure autant de plaisir, donc au bio. Nous ne partons pas vers des destinations lointaines et chères cette année ? Alors on va au moins se faire plaisir (et avoir bonne conscience) par une alimentation du plus haut niveau qui soit. Ces réorientations du pouvoir d’achat n’ont pas été analysées en profondeur et la communication pour les produits bio ne joue pas sur les cordes qui ont raisonné pendant la crise. À la place de lancer des produits « plaisir », les acteurs du marché semblent déjà apeurés par le spectre de l’inflation et sortent des produits bas de gamme et basiques. En dehors du fait qu’ils lancent beaucoup moins de produits en général, ce qui rajoute à une impression de morosité dans l’offre.
Dans le bio, on ne sait faire que de la croissance
Analystes et observateurs du marché semblent aussi surpris que les acteurs du marché bio : effectivement, pendant ces dernières décennies, il fallait généralement gérer la croissance fulgurante du bio : monter des filières, réaliser des grands projets d’investissement, s’approvisionner avec toujours plus de matière première, prendre des paliers de croissance, voilà les domaines dans lesquels les acteurs excellent. Gérer une baisse ? Devant cette situation on manque d’outils, de recul, de repères.
Une situation sans précèdent ou presque
On n’a qu’un seul cas, dans le passé, où le bio aurait reculé de façon générale : c’est le marché anglais après la crise financière de 2008/2009. Nous en connaissons aujourd’hui la cause, après maintes études : une poignée de décideurs dans la grande distribution en Grande-Bretagne avaient cru bien faire en anticipant une baisse de la consommation, qu’ils jugeaient probable en vue de la crise. Ils ont donc déréférencé un grand nombre de produits bio. Dans un marché très peu contractualisé, les fournisseurs se sont retrouvés sur la paille (bio) et l’effet sur les filières fut dévastateur. Les Britanniques ne trouvant plus de bio en GMS, n’en achetaient plus, réalisant ainsi la prophétie des décideurs… Leur envie du bio était aussi grande qu’avant, mais avec un marché bio dominé à 80% par la GMS, les alternatives étaient rares. Les plus motivés se sont rués dans les quelques magasins bio et sur internet, canaux de distribution qui par la suite ont connu une belle croissance.
Sinon, dans le passé, il y avait bien quelques petites situations de surproduction dans les filières bio. Les années 2000 ont vu un moment difficile pour les céréales en Allemagne, et pour le lait bio en Allemagne et en Autriche. Les mesures appropriées avaient été prises rapidement : observation fine du marché, constitutions de groupements puissants, coopération à l’international pour comprendre les marchés et jouer les complémentarités, planification de l’offre.
En cette période d’hiver et de confusions sanitaires, le consommateur avance dans sa volonté de “mieux consommer, en consommant moins”. On le voit visiter plus souvent, en complément de ses achats en magasin, les artisans des métiers de bouche de son quartier pour participer à l’économie locale mais aussi pour être conseillé dans l’amélioration de la qualité de ses achats. Le « vous aimez ? C’est moi qui l’ai fait ! » prend tout son sens au sein de sa tribu avec des repas familiaux plus réguliers.
Et lorsque BIO panel les interroge (enquête oct. 2021), ils nous disent être bien dans leur consommation à 41% mais vouloir encore consommer moins à près de 51% pour le public “en migration” (consommateur de bio de moins de 3 ans). C’est dire si l’accompagnement est une demande importante pour les aider à vivre.
Pour les mois qui viennent, avec la réorganisation de la distribution qui se pointe, le consommateur ira encore plus vers la sécurisation et la qualité des produits de son panier.
La filière Bio a donc toute sa place a jouer sur la qualité et la sécurisation face à un conventionnel qui répondra à la question du pouvoir d’achat.
2 propositions pour 2 attentes, que le match des prochains mois va être passionnant à étudier pour mieux y répondre. Et vous, vous en pensez quoi pour les mois qui viennent ?
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