Avec en hôtes, Henri Godron, président de Biocoop, Patrick Ribot, directeur général par intérim (et directeur financier depuis plus de trois ans), et Mathieu Lancry, administrateur de la coopérative et producteur.
Objectif de ce rendez-vous : présenter les derniers chiffres, les tendances 2024 et, surtout, redire son engagement. Pour le développement de l’agriculture biologique et la relocalisation des filières, mais aussi pour le commerce équitable, le vrac, une offre de saison et contre l’ultra-transformation.
Pour ce faire, Biocoop revendique une « logique de preuves ». L’occasion, pour Mathieu Lancry, de dérouler plusieurs chiffres.
Biocoop, c’est aussi 17% du marché du commerce équitable, 21% du marché du vrac alors que la coopérative ne pèse « que » 0,8% du marché alimentaire français.
« Biocoop est le porte-étendard de la bio, nous assumons notre rôle et notre ambition », Henri Godron
Pour la direction de Biocoop, pas de doute, c’est son militantisme qui lui a notamment permis de renouer avec la croissance : « Biocoop est resté droit dans ses bottes, on a vécu une crise très difficile ses dernières années, mais on a pas bougé d’un iota quand d’autres acteurs ont évolué », souligne Patrick Ribot.
« Nous ouvrons un nouveau chapitre à notre histoire, celui de la reprise. Nous ne sommes pas dupes, l’année 2024 sera sinueuse mais nous restons mobilisés et engagés. Nous restons positifs et nous pensons que le marché de la bio a de l’avenir, même à court terme », confie Henri Godron. D’autant que les derniers chiffres sont bons. Biocoop annonce même un début 2024 très dynamique : +5% de volume et +10% sur le chiffre d’affaires de février.
« La croissance, toute activité, de Biocoop est de 2,3% en 2023, si on compte sur le parc magasin constant, on est à +3,1%. Tous les secteurs de Biocoop progressent en 2023 en CA, hormis le non alimentaire qui a le plus souffert dans la crise. L’évolution en valeur est portée en grande partie par l’inflation qui sur deux ans est de 13% chez Biocoop, contre plus de 20% en deux ans en GMS. En 2023, on a été entre -4 à -5% en volume », détaille Patrick Ribot.
Les magasins Biocoop ont été portés en 2023 par une hausse de la fréquentation (+0,8%) et du panier moyen (+1,4%, dû principalement à l’inflation). « On constate aussi une évolution des comportements consommateurs qui se tournent davantage vers les petits prix ». À cet effet, Henri Godron assure que « la hausse des prix a été contenue en magasin, on veut se démarquer des autres enseignes concurrentes ». Et de citer l’accessibilité des produits balisés « Prix engagés » (150 références), « 10% moins chers que les produits bio en GMS, on voit même maintenant des produits Biocoop moins chers que des produits en conventionnels ».
« On voit une remobilisation des consommateurs vers des produits sains et simples, la perception a été troublée avec des labels opportunistes qui ont apporté la confusion »
« Les hausses de prix en 2024 vont être très mesurées, voire quasi inexistantes, hors fruits et légumes qui sont soumis aux aléas climatiques et de production », indique Patrick Ribot. « Notre objectif, c’est que la bio soit accessible, chaque maillon de Biocoop fait un effort en ce sens », témoigne Mathieu Lancry qui a également commenté les annonces du Gouvernement pour répondre à la crise agricole, déplorant l’arrêt du plan Ecophyto et le manque de soutien aux filières bio (dont les besoins sont estimés à 300M€), alors que seule « l’agriculture biologique et paysanne permet un revenu aux agriculteurs, une souveraineté alimentaire et de protéger nos écosystèmes … Et plutôt que le prix plancher, on préférerait qu’on travaille sur le prix équitable ! »
« On veut redynamiser le non alimentaire, on a des innovations à venir qui permettront de relancer ce rayon »
En conclusion, « la coopérative se porte bien, ses résultats sont conformes à nos attentes, on a consolidé nos fonds propres, ça nous a permis de soutenir nos magasins en 2022 et 2023. La résistance de Biocoop est plus forte parce qu’on a soutenu les magasins de différentes façon, dont de l’avance de trésorerie – on aide très directement une centaine de magasin actuellement -, la coopérative joue pleinement son rôle, on n’a pas d’actionnaires à rémunérer, on est là pour soutenir nos magasins ! », a martelé Patrick Ribot. « On fera tout pour sauver un magasin qui est viable, on a la capacité, les moyens et l’ambition de le soutenir », confirme Henri Godron qui annonce plusieurs projets d’ouvertures de magasins prévus en 2024.
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