Ce n’est plus 110€ mais 92€ que toucheront les agriculteurs bio via l’aide environnementale de la PAC (« écorégime »), selon les dernières annonces du ministère de l’Agriculture. Une hérésie pour la Fnab qui déplore un abandon de la filière et demande un écorégime à 145€ en reconnaissance des pratiques environnementales de l’agriculture bio et des économies qu’elles génèrent pour l’Etat.
Et la fédération d’expliquer cette décision d’abaisser encore le montant de l’écorégime aux producteurs bio, à savoir « le triste « succès » de cet écorégime, qui a été demandé par plus de 90% des agriculteurs français », comme se l’est félicité le ministre de l’Agriculture en juillet 2023.
Qui a vidé l’enveloppe de l’écorégime ?
L’INRAE a publié en avril 2023* une analyse révélant que la totalité des agriculteurs français allaient accéder au niveau de base du paiement de cette aide environnementale sans aucun changement de pratique et plus d’un tiers au niveau supérieur.
« On avait dénoncé il y a deux ans le détournement de cette aide qui devait être un revenu environnemental incitant la transition et qui finalement est une aide au maintien en agriculture chimique, explique Philippe Camburet, président de la Fnab, tout a un prix et ce sont les agriculteurs et agricultrices biologiques qui le payent, en dépit du bon sens. »
Et pourtant en 2021, la Cour des comptes dénonçait une politique de soutien à l’agriculture biologique qui n’était pas à la hauteur. « Le ministère de l’Agriculture doit faire la transparence sur les fermes et le nombre d’hectare qui ont accédé aux trois niveaux de l’écorégime et évaluer rapidement l’impact environnemental de cette aide », insiste la Fnab.
Une nouvelle baisse au « goût amer »
« « Le bio a de l’avenir, il faut qu’on lui donne les moyens de son avenir », ce n’est pas la déclaration d’un militant écologiste mais celle du ministre de l’Agriculture le 21 septembre 2023 au salon Tech&Bio », rappelle la Fnab. « On aurait pu penser qu’il avait pris la mesure de la situation actuelle mais il semble que ce soit l’inverse. Alors que les céréaliers bio rejoignent leurs collègues bio dans la crise et qu’on attend toujours d’avoir accès aux mesures classiques de régulation du marché, cette nouvelle baisse a un goût amer », déplore Philippe Camburet.
En conséquence, la Fnab réitère ses demandes :
- Un écorégime bio à 145 euros par hectare ;
- La réaffectation des reliquats des 340 millions d’euros de l’aide conversion bio à la filière biologique par d’autres moyens (soutien à l’installation, soutien à l’accompagnement technique, soutien à la consommation, soutien à la recherche) ;
- L’accès aux outils de régulation de marché pour les filières biologiques : financement du stockage, financement du déclassement, financement de la réduction volontaire de production.
* Revue Economie rurale n°384 avril-juin 2023 – L’accès à l’écorégime français de la PAC par la voie de la certification environnementale.