Bio Linéaires a fait le point avec Franck Poncet, directeur général de Biocoop, sur les 8 premiers mois de l’année. Biocoop enregistre une croissance notable de +8,5 % à fin août 2024. Après une analyse sur l’évolution des différents rayons, Franck Poncet nous a présenté les projets et perspectives de la coopérative.
Depuis la prise de fonction de Franck Poncet en juin 2024, Biocoop affiche une performance solide. À la fin août, le chiffre d’affaires du réseau progresse de 8,5 %, un résultat tiré par la fréquentation en magasin (+7,5 %) et une légère hausse du panier moyen (+1 %). « Nous affichons une croissance positive, probablement meilleure que celle du marché des magasins spécialisés bio et saine, parce qu’elle est portée par la hausse du trafic en magasin », indique Franck Poncet.
Les fruits et légumes, piliers de la croissance
Cette évolution favorable cache néanmoins des disparités entre les différentes catégories de produits, certaines étant en forte expansion, tandis que d’autres subissent la concurrence du marché.
Les fruits et légumes continuent d’être le pilier de la croissance de Biocoop. Grâce à des partenariats solides avec leurs producteurs les « paysans-associés » qui regroupent 3 000 fermes en France permettant d’offrir une large gamme et de sécuriser leurs approvisionnements. Selon le directeur général, « presque toutes les catégories de fruits et légumes sont en progression hormis celles qui sont en pénuries ou en très forte inflation ».
Le rayon des produits frais, en particulier les fromages et autres produits laitiers, bénéficie également d’une belle dynamique. Les consommateurs continuent de plébisciter les produits laitiers bio, qu’ils soient vendus en libre-service ou en service arrière, un des points forts de Biocoop selon Franck Poncet.
Dans le rayon boissons, on observe une montée en puissance de certains segments notamment les boissons fermentées comme le kombucha.
De même, les huiles et tablettes de chocolat se maintiennent en bonne position. Toutefois, ces dernières sont impactées par la hausse des prix des matières premières, entraînant une légère répercussion sur les prix au consommateur.
Le secteur des alternatives végétales montre également des signes positifs. La demande en substituts de viande ou en protéines végétales continue de croître, notamment en réponse à des changements d’habitudes alimentaires vers une alimentation plus végétale.
De son côté, le sans gluten qui selon Franck Poncet « aurait pu être considéré comme un effet de mode » affiche de bons résultats depuis quelques mois.
Le « grand chantier » du non-alimentaire
En parallèle, certaines familles de produits sous performent. C’est le cas du non-alimentaire, qui englobe les produits d’hygiène, les cosmétiques, et certains produits ménagers. Cette catégorie, historiquement moins porteuse pour Biocoop, souffre de la concurrence des grandes surfaces, qui ont peut-être su mieux communiquer sur les produits dits « écologiques » ou « naturels ».
Pour redynamiser le non alimentaire, la coopérative est en pleine réflexion. « Il y a un gros chantier sur l’offre, sur la communication, sur la promotion et les prix à faire. Ce sont des catégories qui méritent d’être soutenues par exemple, quand on parle des soins cosmétiques, qui sont des produits chers à la base », affirme Franck Poncet.
Enfin, d’autres familles, par exemple celle de la « maman-bébé » et les « surgelés », connaissent aussi un ralentissement de leurs ventes. Selon Franck Poncet, « le surgelé n’a jamais été un point fort du réseau spécialisé bio et c’est un rayon météosensible qui dépend donc beaucoup des conditions climatiques ».
Prix engagés et prix en baisse
Parallèlement à ces performances inégales, Biocoop a mis en place l’initiative des prix engagés sur plus de 150 produits du quotidien. Cette opération, visant à rendre la bio plus accessible, propose des produits à des tarifs compétitifs. L’objectif est de montrer qu’après une hyperinflation, un peu de déflation, mais toujours des prix plus élevés qu’il y a 2 ans que « cela ne coûte pas plus cher de manger bio et de fréquenter Biocoop », précise Franck Poncet. Rappelons que les prix engagés permettent aux consommateurs d’accéder à des articles essentiels à des prix compétitifs, tout en garantissant un soutien aux producteurs bio. Cette initiative s’inscrit dans une démarche plus large de Biocoop pour proposer une bio “accessible à tous”, sans compromis sur la qualité et « en soutien à nos paysans associés et à nos filières », indique Franck Poncet.
D’ici fin 2024, Biocoop continuera également de renforcer son offre en vrac, en cohérence avec ses engagements environnementaux avec son opération « Le vrac en fête » avec -15 % sur tout le vrac (du 5 au 16/09). Côté prix, la coopérative poursuivra sa stratégie en proposant « une alimentation bio exigeante à la portée de tous et au prix le plus juste ». Pour preuve, après l’initiative « prix engagés », Biocoop a lancé le 22 août dernier son opération « prix en baisse » sur plus de 160 produits, dont 65 produits du quotidien.
Enfin, pour l’avenir, Franck Poncet reste optimiste, bien que prudent. Si la croissance observée sur les derniers mois est encourageante, l’environnement économique, social et politique reste incertain. La hausse des coûts de production, l’inflation persistante (sur certains produits) et les enjeux géopolitiques pourraient affecter la consommation. Cependant, le directeur général de Biocoop reste confiant quant à la capacité de l’enseigne à maintenir sa progression. À court terme, les objectifs se concentreront sur l’accompagnement des sociétaires et l’optimisation des fondamentaux des magasins, tout en continuant de promouvoir la marque propre Biocoop, véritable porte-étendard des valeurs du réseau.
Antoine Lemaire
Franck Poncet de retour dans la bio
Franck Poncet a une double expérience, marketing et commerciale, dans le domaine de l’industrie agroalimentaire au sein des Groupes Skalli (Lustucru, Taureau Ailé) puis Savencia (Caprice des dieux, Bresse Bleu), et du commerce au sein du Groupe Monoprix où il a successivement occupé les postes de responsable des marques propres de l’enseigne (Monoprix Gourmet, Monoprix Bio), directeur de l’offre et des achats alimentaires, puis directeur des nouveaux concepts et réseaux de proximité monop’ et monop’daily.
En 2014, il a été nommé directeur général de Naturalia, dont il a pris la présidence en 2018. Jusqu’en mars 2020, Franck Poncet a été également président de monop’, membre du Comex Groupe Monoprix. Depuis septembre 2020, il était président du directoire d’Emova Group, réseau leader de vente de fleurs au détail. C’est le 18 juin 2024 qu’il a pris ses fonctions en tant que directeur général de Biocoop. Pour Franck Poncet, travailler dans une coopérative est une nouvelle expérience et un choix personnel et professionnel. Selon Franck Poncet, adhérer à ce type de modèle, « c’est s’inscrire dans le long terme. On est en effet, plus intelligent à plusieurs que tout seul. Les structures ou les commerçants qui réussissent actuellement et depuis longtemps sont des modèles associatif ou coopératif ».