Les nombreuses informations erronées qui circulent sur l’agriculture biologique sont en partie responsables de la crise qu’elle vit depuis 2021. Si nous parlons à leur propos de mensonges, ce n’est pas pour accuser leurs auteurs, mais pour affirmer que relayer des informations fausses constitue une posture partisane et un refus, même involontaire, de s’informer sur les alternatives existantes.
Il en résulte de sérieuses et multiples conséquences pour l’opinion. En effet, vouloir convaincre que tout va bien avec l’agriculture conventionnelle pour la santé et l’environnement revient à tromper la population. L’agriculture biologique, de son côté, reste un modèle et un laboratoire en expansion, certes perfectible, d’agroécologie appliquée.
Conséquences également pour les producteurs biologiques qui ont opté pour une agriculture protectrice et durable de l’environnement et de la santé et qui se trouvent brutalement dépourvus de débouchés, dans un contexte d’aides réduites, un nombre croissant de consommateurs se laissant convaincre par les « biosceptiques ». Ces derniers promeuvent le « local » seul comme étant au-dessus de tout soupçon et des labels dit « environnementaux » comme HVE (Haute Valeur Environnementale), label au nom trompeur, qui concurrence d’autant plus le bio qu’il est très loin d’être aussi exigeant.
Ce document, qui a pour auteurs des acteurs historiques de l’agriculture biologique, est certes un plaidoyer pour ce mode de production, mais constitue surtout une démonstration qui repose sur un nombre croissant de données scientifiques, en grande majorité récentes. Le lecteur constatera que rien n’est affirmé ici sans en mentionner la ou les source(s), le plus souvent des publications scientifiques dans des revues à comité de lecture par des experts externes et réputées internationalement. Pour certaines sources, objets de polémiques, le document pose les faits et établit des fourchettes hautes et basses de données, où la vérité se situe quelque part entre les deux (cas des analyses coûts – bénéfices notamment).
Certes, bien s’informer prend beaucoup de temps et exige certaines compétences. Pour ne prendre qu’un exemple, c’est le cas de l’Inserm qui a fait le point sur l’impact des pesticides sur la santé. Pour mettre à jour en 2021 l’expertise collective que cet organisme a réalisé sur ce sujet, les chercheurs ont dépouillé 5 300 publications scientifiques parues depuis cette date et ont mené parallèlement des études de cohortes larges pour confirmer la « présomption significative » d’une responsabilité des pesticides et de leurs résidus et métabolites dans plusieurs pathologies graves comme certains types de cancer, la maladie de Parkinson et certaines maladies dégénératives.
Claude Aubert a été un des premiers agronomes en France à promouvoir l’agriculture biologique, dès le milieu des années 1960 dans le cadre de Nature & Progrès et de l’IFOAM. Il a conseillé de nombreux agriculteurs et a écrit des livres fondateurs sur l’agriculture biologique et sur l’alimentation saine, dont « Les apprentis sorciers de l’azote » (Terre Vivante, 2021), un livre essentiel sur les effets désastreux de l’utilisation massive des engrais azotés de synthèse. Il a été cofondateur, puis directeur de Terre Vivante et a fait des centaines de conférences en France et à l’étranger. Il continue à écrire des livres et à avoir une activité de conseil.
Christine Mayer Mustin, ancienne députée au Parlement Européen et ex-présidente de 2000 à 2003 de la section Bio de la CNLC (Commission Nationale des Labels et des Certifications des produits agroalimentaires). Elle s’est investie depuis les années 90 dans les politiques européennes de l’agriculture et de l’environnement. Elle s’intéresse à l’alimentation et aux patrimoines culinaires sous l’angle sociologique, économique et pratique et est coauteur avec Claude Aubert du livre « Manger bio sans dépenser plus » aux Ed. Terre Vivante (2020).
Michel Mustin a été un des premiers ingénieurs agronomes en France à compléter sa formation par un doctorat en écologie-écotoxicologie des milieux naturels, par le Certificat Européen d’Écologie Humaine et par le Droit de l’environnement. Cofondateur avec Claude Aubert de Terre Vivante, co-fondateur d’Ecocert, il a mené une carrière conjointe de producteur aquacole et d’expert consultant en agroécologie et développement. Il est vice-président du CRITT RITTMO Agroenvironnement (Recherches Innovations et Transferts de Technologies sur les Matières fertilisantes Organiques) à Colmar, en partenariats avec l’INRAE et l’Université de Haute-Alsace. Il poursuit une activité de conseil et de conférencier. Auteur de l’ouvrage « Le Compost : gestion de la matière organique » (1987).
Denis Lairon est Docteur es-sciences, biochimiste et expert en nutrition humaine. Il a fait sa carrière à l’Inserm sur les relations entre alimentation et santé, métabolisme et pathologies et est à présent directeur de recherche émérite Inserm. Il a été le premier en France à promouvoir la recherche sur la qualité des produits de l’agriculture biologique, il a créé en Provence, en 1979, le Groupe de recherche en agriculture biologique (GRAB), puis a promu la création, en 1982, de l’ITAB (Institut technique de l’agriculture biologique), institut reconnu et soutenu par le ministère de l’Agriculture. Depuis une dizaine d’années, il est un des chercheurs seniors du projet de recherche Bionutrinet sur les consommateurs d’aliments bio et leurs impacts (régime, nutrition, santé, ressources- environnement, coût), avec la cohorte nationale Nutrinet-Santé de l’EREN, la plus importante étude prospective sur ce sujet et avec près de 20 publications scientifiques internationales. Il est membre du programme de l’ONU sur les systèmes alimentaires durables. Auteur du livre « Manger sain et durable, de notre assiette à la planète » aux Editions Quae (2020).
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