
Les crises de l’énergie et de la Covid, la perte du pouvoir d’achat, la guerre en Ukraine n’ont pas épargné le secteur. Les comportements d’achats durables ont fondu comme neige au soleil. Et pourtant ce sont une des clés essentielles pour un avenir plus durable. Heureusement, certaines organisations continuent à soutenir les circuits courts, le local, le zéro déchet et la bio.
Une nouvelle coopérative de commercialisation
MABIO a été créée fin 2022. C’est une nouvelle coopérative de commercialisation en B2B pour les producteurs bio de Wallonie. MABIO a pour volonté de valoriser la qualité et la diversité des produits issus de l’agriculture biologique wallonne. C’est une plateforme numérique qui met en relation tous les acteurs de la bio : producteurs et points de vente (HoRéCa, magasins, épiceries, etc.). Les partenaires sont Linked.Farm (une coopérative fondée en 2015 ayant pour objectif d’organiser le circuit court) et Mabru (Marché Matinal de Bruxelles), qui est une ASBL (une association sans but lucratif) créée en 1992 chargée de promouvoir, de développer et de gérer les activités du marché matinal de Bruxelles.
Plus de bio dans l’assiette !
Plan bio 2030, adopté par le gouvernement wallon en juin 2021, fixe des objectifs ambitieux pour le développement du secteur bio en Wallonie (augmenter l’offre et la demande du bio). Plus de 200 millions de repas sont servis annuellement en Wallonie et à Bruxelles. Il est évident que si les secteurs (HoRéCa et restaurant collectif) valorisaient davantage les produits bio wallons, des débouchés importants seraient créés pour les producteurs et transformateurs. À ce jour, en Wallonie, seuls 74 établissements sont certifiés bio.
Plusieurs actions ont été mises en place :
-distribution d’un nouveau magazine Itinéraire bio qui sera distribué dans la restauration non bio,
-la rédaction d’articles dans d’autres magazines pour le secteur HoReCa afin de les sensibiliser à l’alimentation durable,
-des séances / conférences « conversion bio »,
-des accompagnements auprès des restaurateurs,
-des démonstrations, des formations.
Un concours (Wall’Oh bio) auprès des cuisines de collectivité a été aussi mis en place pour dynamiser l’intégration de produits locaux et bio dans les menus.
L’HoReCa doit pouvoir se réinventer, répondre aux enjeux de ces crises en soutenant l’économie locale tout en portant une attention aux coûts.
« Le vrac en fête » côté wallon
ConsomAction a lancé un évènement qui a commencé le jeudi 16 novembre 2022 dernier afin de sensibiliser le public à (re)découvrir ce mode de consommation durable et sans emballage. Plus de 73 membres répartis en Wallonie, à Bruxelles et prochainement en Flandre.
Ouvertures en 2022 des mini chaînes
-Al’binète vient d’ouvrir son cinquième magasin les Halles binète à Angleur, dans la province de Liège.
-The Barn à Auderghem (7e point de vente) a fait une levée de 150 000 euros pour ouvrir deux nouveaux points de vente (sept. 22).
-Ouverture de Färm Saint-Servais (juillet 2022).
-Ouverture de Biocap Gembloux et Marche en Famenne.
Vitaverde Bio : s’adapter à son environnement
Viatverde Bio, spécialisée dans le sourcing, la fabrication, le conditionnement et la distribution de produits bio fête cette année ses 40 ans. Eddy Raskin, son directeur, fait un point sur la situation actuelle du marché.
Bio Linéaires : Vous avez récemment intégré votre nouvel atelier de 3 000 m². Vu le contexte, comment vivez-vous la situation actuelle ?
Eddy Raskin : L’évolution de notre chiffre d’affaires pour 2022 reflète la tendance générale du marché bio en Belgique. Ce n’est évidemment pas le contexte idéal pour la mise en place de notre nouvel outil, surtout avec des capacités de transformation qui deviennent encore plus largement excédentaires. À notre petite échelle, nous voulons nous battre pour contribuer à soutenir les producteurs et les magasins spécialisés indépendants en pleine tourmente. Cet outil performant est à leur disposition afin de les aider à faire revenir les consommateurs qui sont (re)partis en GMS, voire ceux qui se sont détournés du bio.
BL : Comment voyez-vous l’avenir du marché du bio à court et moyen terme ?
E. R. : J’espère que d’ici cinq ans, la situation sera plus favorable et que les consommateurs auront remis une alimentation plus saine au centre de leurs préoccupations. Dans ce contexte, nos nouveaux investissements constituent notre plus grosse menace mais également notre plus grosse opportunité. Notre volonté est de mettre une large gamme de produits d’épicerie aux prix les plus justes. Enfin, nous recherchons des partenaires dans notre cœur de cible historique, désireux de s’adapter à cet environnement complexe et changeant en rendant le bio le plus accessible possible au plus grand nombre.
Pour rentabiliser les investissements, un développement à l’exportation reste incontournable. Les marchés proches constituent nos priorités – et parmi eux, la France avec la proximité géographique, linguistique et culturelle qui nous unit.