Alors que l’INRAe et l’Ifremer confirment une contamination générale aux produits phytopharmaceutiques, une nouvelle étude révèle la présence des pesticides les plus dangereux (cancérogènes, perturbateurs endocriniens…) dans les fruits et légumes produits en Europe. Des substances pourtant «candidates à la substitution»1 depuis 2009 selon le règlement (CE) n° 1107/2009. Leur présence a même «considérablement augmenté au cours des dix dernières années», souligne l’ONG Pesticide Action Network Europe. Résultat : 21 % des fruits et légumes les plus consommés produits en Europe sont concernés. 29 % si on étudie que les fruits.
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Selon un rapport2 de l’ONG publié le 24 mai, «en 2019, la proportion de fruits et légumes contaminés par les pesticides les plus dangereux a augmenté de 8,8 % par rapport à 2015». PAN relève une «utilisation toujours plus importante de combinaisons de substances chimiques, substances censées être progressivement supprimées en Europe» et déplore que «les lois sont ignorées et les consommateurs exposés à une marée montante d’exposition aux produits chimiques». Exemple : seulement 4 % de candidats à la substitution avaient été détectés en 2011 sur des kiwis ; cette proportion a augmenté régulièrement pour atteindre 32 % en 2019.
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Ce rapport commence en 2011 «lorsque l’utilisation de ces pesticides les plus dangereux devrait, selon la loi, avoir commencé à diminuer de manière significative», précise l’ONG et s’appuie sur les données officielles de surveillance des résidus de pesticides dans les denrées alimentaires de 2011 à 20193.
Les fruits et légumes les plus concernés
Au fil des ans, les cinq fruits produits dans l’union européenne sur lesquels ont été identifiés le plus grand nombre de candidats à la substitution sont les mûres (contaminées à 51 %), les pêches (45 %), les fraises (38 %), les cerises (35 %) et les abricots (35 %).
Du côté des légumes, les plus contaminés par les candidats à la substitution étaient le céleri (50 %), le céleri-rave (45 %), le chou frisé (31 %), l’endive) (28 %) et les choux de Bruxelles (26 %).
La Belgique en tête des produits les plus contaminés
Les pays qui ont produit le plus souvent des échantillons de fruits et légumes contaminés au cours des années d’étude étaient la Belgique (34 %), l’Irlande (26 %), la France (22 %), l’Italie (21 %) et l’Allemagne (20 %).
Suite à la publication de cette étude, en France le président de l’association Alerte des médecins sur les pesticides l’assure : «on a des raisons d’aller vers le bio».
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Les pesticides annulent les effets bénéfiques de consommer des fruits et légumes ?
Il ressort enfin d’une récente étude américaine4 que la consommation d’une portion quotidienne de fruits et légumes «à faible teneur en résidus de pesticides au lieu d’une portion à forte teneur en résidus de pesticides était associée à un risque de mortalité toutes causes confondues réduit de 11 %», ce qui suggère aux auteurs «que les résidus de pesticides peuvent modifier l’effet bénéfique» apporté par la consommation de fruits et légumes sur la santé.
Pour rappel, l’Inserm a déjà confirmé le lien entre l’exposition aux pesticides et certains cancers tandis qu’une étude de la cohorte NutriNet-Santé a notamment établi que manger bio réduit chez les femmes de 43 % le risque de développer un cancer du sein.
Laura Duponchel
1 Liste ICI.
2 Rapport complet de PAN Europe (en anglais).
3 Seuls les résidus de candidats à la substitution qui ont été trouvés avec un niveau de concentration supérieure ou égale à la limite de détection (0,01 mg/kg) ont été inclus dans l’analyse.
4 Consommation de fruits et légumes selon le statut des résidus de pesticides par rapport à la mortalité toutes causes confondues et spécifique à la maladie : résultats de trois études de cohorte prospectives.
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