
Agriculture bio vs conventionnelle : que dit la science ? Réponse dans l’étude de l’Itab (Institut Technique de l’Agriculture Biologique) sur la quantification des externalités de l’agriculture biologique. Et le résultat est sans appel : l’agriculture biologique a des effets positifs sur la qualité des sols, la biodiversité, le climat et la santé humaine en comparant ses impacts environnementaux et sanitaires à ceux de l’agriculture conventionnelle. Voici un résumé des principaux points à retenir de cette étude basée sur l’analyse de près de 800 articles scientifiques.
Impacts sur les sols et l’eau
- L’AB, en limitant les produits phytopharmaceutiques (PPP) abaisse les niveaux de contamination des sols cultivés : moins de résidus de pesticides (-30 % à -55 %) et à des teneurs moindres en AB (somme des teneurs réduites de 70 % à 90 %) ;
- Moins de pollution des eaux souterraines par les PPP, bien que l’usage du cuivre en viticulture puisse impacter certaines masses d’eau ;
- Du fait de la réduction des apports d’azote, l’AB propose un modèle abaissant les pertes en nitrate de 30 à 60 % par rapport à l’agriculture conventionnelle en grandes cultures ;
- Apports en phosphore et métaux lourds limités, réduisant les contaminations ;
- En AB, les indicateurs de la biologie des sols sont améliorés dans 70 % des cas par rapport à l’agriculture conventionnelle, qu’ils concernent l’abondance ou la diversité ou les fonctions assurées par les organismes vivants, et de façon nette pour les micro-organismes, et ce malgré le travail du sol ;
- L’AB améliore le potentiel de résistance face aux sécheresses par rapport à l’agriculture conventionnelle avec une disponibilité de l’eau pour les plantes améliorée (un effet positif de +4 % à +45 % dans 56 % des études, et qui n’est jamais négatif dans les 44 % d’études restantes). Ces éléments sont également susceptibles de permettre de diminuer le risque d’érosion des sols.
Biodiversité
- Les parcelles AB hébergent davantage de biodiversité que des parcelles conduites en agriculture conventionnelle. La majorité des mesures de biodiversité renseigne un nombre d’individus (abondance) supérieures de 32 % et/ou un nombre d’espèces (richesse spécifique) supérieures de 23 % ;
- Les effets sont particulièrement prépondérants sur les plantes et sont perceptibles pour une grande diversité de groupes du monde vivant ;
- Rôle clé dans la préservation des pollinisateurs et la régulation naturelle des ravageurs.
Climat
- Réduction des émissions de CO₂ et N₂O à la parcelle grâce à l’absence de fertilisants de synthèse, elle est de 50 % pour les productions végétales ;
- Captation accrue du carbone organique dans les sols en raison des pratiques de fertilisation.
Santé
- Par son moindre usage d’antibiotiques, l’AB contribue moins au phénomène d’antibiorésistance, qui est un enjeu de santé publique croissant ;
- La consommation régulière d’aliments bio est associée à un risque réduit d’obésité, de diabète de type 2, de cancer du sein postménopause et de lymphome non-hodgkinien ;
- Les produits bio ont une composition en acides gras davantage favorables à la santé ;
- Les agriculteurs et travailleurs agricoles en AB sont moins exposés aux produits phytosanitaires de synthèse dont le lien avec le risque de maladies neurodégénératives (Parkinson, Alzheimer), de cancers et de troubles de la reproduction a été établi ;
- Pour les riverains, l’absence de pesticides de synthèse en AB limite l’exposition par dérive aérienne ou contamination des eaux souterraines ;
- La population globale est moins exposée aux résidus de pesticides retrouvés dans les aliments ; les concentrations de résidus sont en moyennes 100 fois inférieures à leurs équivalents conventionnels en fruits et légumes AB.
En résumé
L’agriculture biologique possède de nombreux atouts sociétaux en termes de préservation des ressources naturelles tout en contribuant à l’atténuation du changement climatique. De plus, l’AB présente des avantages clairs pour la santé humaine, tant pour les consommateurs que pour les agriculteurs et riverains de parcelles agricoles. Ces bénéfices renforcent la nécessité d’un soutien politique et économique en faveur de son développement.
Source : Synthèse de la Quantification des Externalités positives de l’agriculture biologique