Plus qu’un réseau, le GRAP (Groupement Régional Alimentaire de Proximité) est un écosystème qui fédère 68 activités, dont 35 épiceries bio sur le bassin lyonnais, autour d’une bio paysanne, locale et coopérative. Alors que le GRAP vient de fêter ses 10 ans d’existence, Bio Linéaires fait le point avec sa co-directrice, Marie Michel.
Bio Linéaires : Pouvez-vous rappeler la genèse du GRAP ?
Marie Michel : Le Grap est né au début des années 2010 alors qu’il y avait beaucoup de projets autour des circuits courts, d’épiceries bio, pour promouvoir un autre modèle de consommation durable dans le bassin lyonnais avec le projet de fédérer la filière alimentaire responsable, à la fois les producteurs, les artisans, les épiceries pour être vraiment en circuit court. En se disant que si on partageait nos idées, on pouvait rendre nos pratiques plus durables. L’objectif étant la défense de l’agriculture bio et paysanne et la démocratie au travail où chacun a droit au chapitre. L’épicerie 3 P’tits Pois, à Lyon, a été le point de départ et a fédéré d’autres épiceries et artisans qui ont créé le GRAP. Notre projet repose sur quatre jambes : bio, paysan, local et coopératif ; et l’aspect coopératif autant que le bio.
BL : Qu’en est-il aujourd’hui ?
M. M. : Il y a 68 activités qui composent le GRAP dont 35 épiceries et des artisans : 9 fournils et boulangeries, des chocolatiers, des brasseurs, traiteurs, torréfacteurs, de la restauration pour une crèche… Se sont ajoutées plusieurs activités pour devenir un mix entre épiceries et artisans. L’an dernier, on a accompagné en tant qu’associé-fondateur la création d’une nouvelle entreprise Les Fermes Partagées à Lyon, qui intervient sur le Rhône-Alpes pour accompagner les fermes collectives.
BL : Le modèle du GRAP a également essaimé en Auvergne !
M. M. : Oui le CAAP, la Coopérative Auvergnate Alimentaire de Proximité, depuis un an et demi, avec un porteur de projet qui accueille des activités identiques à celles du GRAP. On est en discussion avec des CAE – des coopératives d’activité et d’emploi – pour qu’on leur fasse bénéficier de notre expertise sur l’accompagnement alimentaire, qu’on les forme sur notre logiciel.
BL : Vous venez de célébrer les 10 ans du GRAP, qu’en retenez-vous ?
M. M. : C’était vraiment super ! On était soutenu par la métropole de Lyon qui nous a mis à disposition la salle de la Cité de la Gastronomie en échange de quoi on devait accueillir du public. Des ateliers ont été organisés avec nos artisans autour du pain, de la caféologie…, il y a eu des conférences sur l’entrepreneuriat collectif, l’immobilier en milieu rural…, ainsi qu’une table ronde avec notamment Jérémie Ginart, président du Groupe Relais Vert. Des personnes sont venues du Jura exprès pour nous voir… Dans ce contexte dur pour le marché bio, avec des magasins qui se ferment, des personnes qui réduisent leur salaire pour tenir, se rendre compte qu’on partage toutes ces valeurs ensemble, ça fait du bien !
BL : Comment se portent les épiceries du GRAP dans le contexte actuel ?
M. M. : On remarque une différence entre les épiceries en milieu rural et celles en milieu urbain. Nos épiceries rurales sont vraiment sur le modèle de l’épicerie alternative de proximité avec un magasin de 40 à 80 m2, entre deux et cinq salariés, et on se rend compte qu’il y a une meilleure résistance à la campagne. Peut-être parce qu’il y a moins de concurrence, qu’il y a plus de fidélité de la clientèle… On a aussi les retours de fournisseurs et grossistes qui nous disent qu’on résiste mieux que d’autres magasins. Après ceux qui résistent sont aussi ceux qui prennent sur eux, en se réduisant les salaires…
BL : Combien de fermetures a connu le GRAP cette année ?
M. M. : Il y a eu trois fermetures depuis le printemps et on pronostique trois autres fermetures dans les six mois. Par contre, on a d’autres secteurs d’activité en hausse comme nos traiteurs qui font une année record après deux ans difficiles en raison du Covid.
Propos recueillis par Laura Duponchel