En période hivernale, il est primordial de conseiller vos clients sur les aliments à inclure impérativement dans leurs assiettes et les compléments alimentaires incontournables pour moduler l’immunité et prévenir le risque d’infections pouvant toucher la sphère intestinale et ORL.
Comment fonctionne le système immunitaire ?
Pour faire face aux agressions virales, bactériennes et fongiques, qui ont lieu via le contact, l’ingestion ou l’inhalation, le système immunitaire possède déjà une barrière physique de défense constituée de la peau et du mucus qui recouvre les différentes muqueuses.
Ce dernier contient des peptides antimicrobiens (défensines, cathélicidine) qui s’attaquent à la membrane des virus, se lient à leurs protéines pour les empêcher de s’amarrer à nos propres cellules et servent de signaux d’alerte pour attirer les acteurs de l’immunité innée.
L’immunité innée : c’est la première ligne de défense qui permet une réponse rapide. Elle est constituée de polynucléaires neutrophiles, phagocytes (macrophages), cellules dendritiques et lymphocytes NK (Natural Killer) qui induisent des réactions d’oxydations et d’inflammations ciblant les agresseurs.
Quand les cellules sont infectées par les virus, elles produisent des interférons qui empêchent la réplication virale et mobilisent le deuxième système de défense.
L’immunité adaptative : c’est la deuxième ligne qui se met en place plusieurs jours après une infection. Il s’agit :
- des lymphocytes B qui produisent des anticorps (immunoglobulines). Ils définissent l’immunité humorale,
- des lymphocytes T : CD4+ et CD8+ qui sécrètent de nombreuses cytokines, c’est-à-dire des molécules qui permettent la communication entre les différents globules blancs. Ils définissent l’immunité à médiation cellulaire.

Le saviez-vous ?
Les cytokines (chimiokines, interférons, TNF, interleukines) produites par le système immunitaire sont essentielles pour détruire les pathogènes mais en excès, elles peuvent avoir un effet néfaste.
C’est d’ailleurs cet « orage de cytokines » (une réaction immunitaire excessive) qui est à l’origine du syndrome de détresse respiratoire lors d’une infection par le SARS-CoV-2.
L’alimentation optimale
Pour moduler le système immunitaire, c’est-à-dire le soutenir sans qu’il ne s’emballe, vous pouvez donner quelques règles alimentaires de base.
Choisir des aliments bruts et bio
Afin d’éviter la présence d’additifs et surtout les différents procédés de fabrication industriels qui peuvent dénaturer la matrice des aliments, la majorité des paniers doit être composée d’aliments peu ou pas transformés.
Augmenter la part des végétaux
La moitié des assiettes doit donc être constituée de végétaux de saison : légumes (frais, surgelés voire conserves), fruits (frais et séchés) pour leurs apports en :
-antioxydants qui protègent les cellules immunitaires,
-fibres qui baissent l’inflammation et nourrissent le microbiote.
Dans les paniers : alliacés (ail, oignon, poireau…) aux vertus antivirales et antibactériennes et agrumes (orange, citron…) pour leur teneur en vitamine C.
Miser sur les aliments riches en probiotiques
En soutenant le microbiote, ils renforcent la résistance face aux infections.
Dans les paniers : légumes lactofermentés, kéfir, kombucha, miso, tempeh…
Opter pour des féculents à IG bas
Une alimentation à IG bas, qui perturbe donc pas ou peu la glycémie, diminue les marqueurs de l’inflammation et favorise l’action antivirale de la vitamine C.
Dans les paniers : légumes racines, légumineuses, céréales complètes, pains multi-céréales au levain….
S’assurer d’un apport en protéines
L’apport protéique animal et/ou végétal doit être suffisant (environ 1 g par kilo de poids corporel) et réparti dans la journée, afin de fournir tous les acides aminés essentiels pour synthétiser les globules blancs et les anticorps.

Boire tout au long de la journée
L’eau est la seule boisson indispensable. Elle peut aussi être consommée sous forme de thé vert, riche en EGCG (épigallocatéchine gallate ou catéchine) ou de thé noir riche en théaflavine, deux substances capables d’inhiber plusieurs familles de virus… Et toujours sans sucre ajouté !
Elles ont tout bon vos conserves de poisson !
Une boite de sardines ou de maquereaux apporte environ 20 g de protéines, un peu de vitamine D et des oméga-3 à longues chaînes qui modulent le système immunitaire et limitent les orages cytokiniques1.
LA SUPPLÉMENTATION HIVERNALE
Certains compléments alimentaires sont en capacité de soutenir l’immunité, de réduire le risque d’infections virales, de surinfections bactériennes et de complications.
Des souches microbiotiques avant tout
On sait que 60 à 80 % de l’immunité provient de l’équilibre entre les différentes bactéries intestinales. Toute dysbiose limiterait donc l’efficacité des défenses naturelles et le lien entre microbiote et santé pulmonaire a été mis en évidence dans de multiples études2, 3, 4, 5, 6.
Conseils :
-des fibres solubles (psyllium) et des polyphénols (quercétine, resvératrol, catéchines de thé vert…) aux effets prébiotiques,
-des souches microbiotiques.
La quercétine
Selon les études, ce flavonol est antioxydant, anti-inflammatoire, notamment au niveau pulmonaire, immunomodulateur et antiviral à large spectre7, 8, 9, 10.
De la vitamine D3 immunomodulatrice
Elle participe à la synthèse des peptides antimicrobiens. Elle est aussi indispensable à l’immunité innée et adaptative et limite l’hyper-inflammation des voies respiratoires qui fait suite à une infection virale. Elle aide donc l’organisme à combattre les infections virales11 et empêche le système immunitaire de surréagir12.
Conseil : 50 UI par kilo de poids corporel.
La lactoferrine
Cette glycoprotéine naturellement retrouvée dans le lait maternel et d’autres sécrétions corporelles (salive, larmes, bile, appareil respiratoire13) a de puissantes propriétés antimicrobiennes (bactériostatique, bactéricide, antivirale, antifongique…). Elle est donc parfaitement indiquée en cas d’infections respiratoires et gastro-intestinales hivernales.
Conseil : 250 à 1 000 mg par jour.
Du zinc essentiel au système immunitaire
Il empêche la réplication de nombreux virus, augmente le nombre de CD4+ et diminue les cytokines inflammatoires14.
Conseil : 15-30 mg par jour, en préventif ou dès les premiers symptômes.
De la vitamine C protectrice
Elle agit aussi bien au niveau de l’immunité innée qu’adaptative15, 16. Elle augmente la phagocytose, la multiplication des lymphocytes et stimule la production d’anticorps. Elle protège aussi les globules blancs des substances corrosives qu’ils sécrètent et aurait un effet antiviral direct en freinant la multiplication des virus.
Conseil : 1 à 2 g par jour, sous forme classique, ester, liposomale ou acérola.
Le L-glutathion pour les poumons
C’est l’antioxydant prédominant dans les cellules pulmonaires. Il soutient les NK, limite la réplication virale et permet de contrôler la tempête de cytokines17.
Des champignons asiatiques
Le cordyceps est intéressant pour ses effets anti-inflammatoires et antioxydants pulmonaires. Ses bêta-glucanes soutiennent le système immunitaire, atténuent les réactions d’hypersensibilités immunitaires et améliorent la fonction pulmonaire.
Il est aussi possible de conseiller du reishi, du maitake, du shiitaké18 ou de l’AHCC®.
L’incontournable échinacée
D’après les dernières méta-analyses, elle a des effets immunomodulateurs, antimicrobiens, antiviraux19, notamment au niveau des voies respiratoires puisqu’elle réduit la charge virale et la fièvre.
Conseil : En prévention (2,4 g / jour) et en traitement dès les premiers symptômes20 (4 g), seule ou en synergie avec un extrait de pépins de pamplemousse et de la propolis sous toutes ses formes !
Les baies qui montent…
Celles de sureau noir sont traditionnellement utilisées pour prévenir et traiter les infections respiratoires virales, sans sur-stimuler le système immunitaire21.
1 Doaei S, Gholami S, Rastgoo S, Gholamalizadeh M, Bourbour F, Bagheri SE, Samipoor F, Akbari ME, Shadnoush M, Ghorat F, Mosavi Jarrahi SA, Ashouri Mirsadeghi N, Hajipour A, Joola P, Moslem A, Goodarzi MO. The effect of omega-3 fatty acid supplementation on clinical and biochemical parameters of critically ill patients with COVID-19: a randomized clinical trial. J Transl Med. 2021 Mar 29;19(1):128.
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Angélique Houlbert / Nutritionniste
